Le processus d’élaboration : un long chemin semé de discussions, arbitrages et calculs
Des services à la mairie : machine à remonter les besoins
Contrairement à une idée reçue, l’élaboration du budget municipal ne commence pas dans le bureau du maire, stylo à la main. Tout part des services municipaux, qui remontent les besoins et projets pour l’année à venir. Écoles, voiries, urbanisme, affaires sociales, culture… Chaque direction transmet une “lettre de cadrage” à partir d’un premier bilan de l’exécution budgétaire passée, du niveau d’usure des équipements, des demandes citoyennes (signalements, pétitions, réunions publiques) et des orientations politiques fixées par la municipalité.
- Entre octobre et décembre : les services ajustent leurs propositions au fil de réunions avec la direction financière.
- Des simulations sont réalisées, parfois avec l’aide de prestataires extérieurs, pour chiffrer précisément les coûts et évaluer le réalisme des demandes face aux recettes attendues.
Exemple : à Sète, en 2023, la rénovation de l’école Anatole France, réclamée par les parents d’élèves, n’a pu trouver place que dans le budget primitif suite à la réaffectation de crédits initialement prévus pour l’entretien de la voirie (Midi Libre).
Les élus municipaux : entre arbitrages politiques et contraintes financières
Les arbitrages, eux, reviennent à la majorité municipale. Une première réunion politique détermine les grandes priorités : maintien des taux d’imposition, nouveaux investissements, marges de manœuvre sur les dépenses, fonds de réserve.
- Le maire et ses adjoints, notamment celui en charge des finances, tranchent sur l’inscription ou non des projets défendus par les différents groupes du conseil municipal.
- Dans certaines villes, une commission extra-municipale associe des habitants ou des représentants d’associations à la réflexion (exemples à Jacou et à Pézenas, voir sources locales Midi Libre).
À ce stade, toutes les dépenses ne sont pas encore figées : les enveloppes par domaine sont ajustées, mais certains dossiers restent ouverts à négociation jusqu’à la veille du conseil municipal.
Le passage en commission : étape obligatoire, mais pas toujours transparente
Avant le conseil municipal, le projet échoue devant la “commission des finances”, composée d’élus de la majorité et de l’opposition. C’est là que l’opposition municipale peut exiger des explications, demander des rectifications ou déposer des amendements. La presse locale et Les Comptes-Rendus de Conseils Municipaux attestent toutefois que ces commissions sont parfois expédiées en moins d’une heure dans les petites communes, faute de moyens et de spécialistesde la comptabilité publique.
- À Montpellier, la commission des finances a parfois vu certains élus découvrir les grandes masses budgétaires quelques jours seulement avant le vote (La Gazette de Montpellier).